Le scandale
des décorations est un scandale
politico-financier, sous la IIIème
République, éclaboussa le président de la République Jules Grévy et le
contraignit finalement à la démission.
L'affaire débuta le 7 octobre 1887, lorsque la
presse dévoila un trafic de décorations mis en place par Daniel Wilson, député
d’Indre et Loire et gendre du président de la République Jules Grévy.
L'enquête révéla que Wilson trafiquait de son influence
pour négocier des participations d'hommes d'affaires dans ses entreprises en
échange de l'obtention de décorations. Il avait revendu depuis un bureau de
l’Elysée des milliers de décorations — notamment la Légion d’honneur pour 25
000 francs de l'époque — pour verser des subventions à des journaux de
province.
La rue, les journalistes, la classe politique,
parmi laquelle Georges Clémenceau et Jules Ferry, s’en émurent et finirent par
contraindre le président de la République à la démission, après un vote du
Parlement le 2 décembre.
Le président Sadi Carnot lui succéda, obtenant une
majorité de suffrages, notamment parce qu'en tant que ministre des Finances, il
avait refusé des recommandations de Wilson.
Ce dernier, protégé par son immunité parlementaire, continua de siéger à la Chambre des Députés. S’il finit par être condamné en première instance en 1888, il fut ensuite acquitté en appel. Il avait en effet été poursuivi pour « corruption de fonctionnaire », or un député n'étant pas fonctionnaire la procédure avait été déclarée nulle. Son action était donc immorale à défaut d’être illégale…
Aussitôt il revint à la Chambre,
indifférent aux quolibets et à l'opprobre de ses collègues. Il fut réélu en
1893 et en 1896.
Le constat de l'absence de loi interdisant ce type
de trafic entraîna la création d'une loi spécifique permettant de le réprimer.
Cette loi permet désormais d'éviter qu'un tel trafic reste impuni. A tout le moins jusqu'à ce jour ... Mais ceci est une autre histoire !
NB : j'en profite pour vous inviter à rejoindre les 38 000 signataires de l'Appel du 14 juillet, relayé par Mediapart, appel en faveur de la nomination d'un juge d'instruction, une magistrat indépendant donc, dans les affaires Bettencourt. Nous devons être nombreux à réclamer une justice et une démocratie dignes de notre République.
En quelque sorte et en outre, le premier exemple historique de la fameuse prime à la casserole.
Rédigé par : Julien | 06 août 2010 à 08:42