« La terre nous en apprend plus long sur nous que tous les livres. Parce
qu’elle nous résiste. L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle.
Mais, pour l’atteindre, il lui faut un
outil »…». Ainsi commence Terre
des hommes d’Antoine de Saint-Exupéry que je relis toujours avec profit.
Il me semble en effet que celui qui veut
entamer ou poursuivre une réflexion humaniste, et la faire partager à ces amis,
doit absolument lire ce récit que Saint-Ex poursuit ainsi :
« J’ai toujours, devant les yeux, l’image de ma première nuit de vol en
Argentine, une nuit sombre où scintillaient seules, comme des étoiles, les
rares lumières éparses dans la plaine.
« Chacune
signalait, dans cet océan de ténèbres, le miracle d’une conscience. Dans ce
foyer, on lisait, on réfléchissait, on poursuivait des confidences. Dans cet
autre, peut-être, on cherchait à sonder l’espace, on s’usait en calculs sur la
nébuleuse d’Andromède. Là on s’aimait. De loin en loin luisaient ces feux dans
la campagne qui réclamaient leur nourriture. Jusqu’aux plus discrets, celui du
poète, de l’instituteur, du charpentier. Mais parmi ces étoiles vivantes,
combien de fenêtres fermées, combien d’étoiles éteintes, combien d’hommes endormis…
« Il
faut bien tenter de se rejoindre. Il faut bien essayer de communiquer avec
quelques uns de ces feux qui brûlent de loin en loin dans la campagne. »
Place de la Résistance à Nevers, hier, j’ai
vu briller des lumières dans l’insignifiante nuit de la Sarkozie. N’était-ce encore
que le crépuscule ? Etait-ce déjà l’aube ? L’avenir, qui commence
seulement à se dessiner, nous le dira…
Un avenir auquel nous devrons prendre
notre part. Notre tour n’est-il pas venu de piloter quelques coucous incertains
pour transmettre les lettres que l’on nous a confiées ? Faisons-le à notre
façon. Si ce n’est pas celle que nous avions choisie au départ, cherchons-en
une autre ! Mais continuons ce travail de vérité, si nécessaire et si
exigeant.
Et, d’autres nuits suivront, dans
lesquelles il faudra faire scintiller nos consciences.
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