Toute bonne question qui se respecte attire des réponses contradictoires. La crise financière mondiale que nous traversons n’échappe pas à la règle.
Pour les uns, les Américains sont en train de renoncer, enfin, au tout libéral et au dogme des marchés autorégulés, puisqu’ils nationalisent des banques et des mutuelles. Le rapprochement entre W Bush et le Mitterrand du printemps 1981 est pour le moins osé. D’autant qu’en l’occurrence, ce sont les pertes qui sont nationalisées, les gains et les bonus d’avant, et sûrement ceux d’après d’ailleurs (dixit Jean-Claude Junker, ce matin sur France Inter), restent bien privés. Wall Street ne s’est pas convertie à la social-démocratie ; loin s’en faut ! Elle tente juste de faire appliquer la fameuse règle non écrite : « Pile je gagne, face tu perds ! ».
Pour les autres, c’est le capitalisme financier qui l’emporte sur toute la ligne puisque le plan Paulson pourrait sauver le système, mais en ponctionnant 700 milliards de dollars US– certains parlent même de 1 400 … - sur le dos des contribuables. C’est la thèse défendue ce matin par Jacques Attali.
A l’appui de cette idée, on apprend d’ailleurs ce matin, de la bouche même de notre Premier ministre, que les « excédents de collecte » du Livret A seront mis à contribution. Le livret A, ce placement sage, peu risqué et peu rémunéré, dédié au financement du logement social de surcroît !
Ainsi, jour après jour, crash financier après RSA et bouclier fiscal, les contours du sarkozysme se précisent : c’est un système où les plus pauvres paient pour les plus aisés … A 100 000 lieux donc, du radical-socialisme new school, dont certains, en mal d’originalité -et de clairvoyance- tentent de parer l’actuel président, après en avoir affublé le précédent. L’étiquette de la Droite libérale serait si dure à porter que cela ?
Pour celles et ceux qui n’ont pas encore apporté de réponse définitive à la question de départ, je livre une dernière information. Henry Paulson, le Directeur du Trésor US, l’auteur du controversé plan Paulson, était le financier le mieux payé de Wall Street dans son job précédent (PDG de Goldman Sachs de 1999 à 2006) avec une rémunération (salaire, options d’achat d’actions, etc.) s’élevant à 38,3 millions, et une prime de 18,7 millions en espèces pour les six premiers mois de 2006. Je n’ai en revanche pas trouvé confirmation d’un parachute doré de plusieurs centaines de millions de dollars US qu’il aurait touché à son départ de la banque d’affaire … ce qui serait tout de même le comble !
Une note d’espoir pour conclure, à l’adresse des lecteurs que ce genre d’info désespèrent. Je conseille la lecture du dernier billet publié dans Libé par Thomas Piketty. Il y rappelle entre autre qu’après la crise de 1929, Roosevelt avait augmenté le taux de l’impôt fédéral sur le revenu applicable aux revenus les plus élevés de 25% à 63 % en 1932, puis 79 % en 1936 et 91 % en 1941.
Le politique pourrait donc vraiment réguler quand il le veut ?
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