La majorité UMP du Parlement a adopté le 14 avril dernier une loi surprenante et pour tout dire assez scandaleuse : la loi organique relative à l'élection des députés et sénateurs.
Ce texte prévoit en effet l’inéligibilité aux élections législatives et sénatoriales des membres de cabinet des présidents de conseils régionaux et généraux et des maires des communes de plus de 20.000 habitants « dans toute circonscription comprise en tout ou partie dans le ressort dans lequel ils exercent ou ont exercé leurs fonctions depuis moins d'un an à la date du scrutin ».
Ainsi ces collaborateurs d’élus sont assimilés, au titre de l’inéligibilité, aux sous-préfets, magistrats, TPG et autres hauts fonctionnaires, alors même qu’ils ne disposent pas de pouvoir de décision et que l’exposé des motifs du projet de loi organique affirme que « les inéligibilités sont liées à l’exercice effectif de responsabilités locales » !
Plus encore, ce texte de loi ostracise de la vie publique une catégorie de citoyens bien particulière puisqu’elle est composée d’hommes et de femmes ayant choisi de servir l’intérêt public dans les collectivités locales (sans disposer pour autant d’un statut protecteur).
Ce faisant, le législateur français actuel prend la direction opposée de bien des démocraties européennes –l’Allemagne en tête- qui s’appuient au contraire, pour renouveler régulièrement les rangs des élus, sur ces citoyens éclairés et engagés que sont leurs collaborateurs.
En France, on assiste au contraire au renforcement progressif du blocage des carrières. Le politiste Frédéric Sawicki, Professeur à Paris I –La Sorbonne, a justement mis en lumière, dans son ouvrage La Société des socialistes, que la proportion des députés membres du groupe socialiste ayant obtenu leur premier mandat avant 37 ans étaient passée de 46,9 % avant 1981, à 22,8 % de 1984 à 1995 puis seulement 3,8 % après 1997… L’enquête mériterait naturellement d’être élargie à l’ensemble des groupes parlementaires des deux Assemblées.
Quoiqu’il en soit, ce texte injuste fait déjà une victime : notre amie Anne Emery-Dumas, directrice de cabinet de deux présidents du Conseil général de la Nièvre successifs. Cette militante chevronnée est en outre une élue locale expérimentée depuis les années quatre-vingts, une nivernaise pure souche qui a sillonné les routes de notre beau département depuis des décennies dans le sillage des sénateurs pour lesquelles elle travaillait. Ce cursus faisait évidemment d’elle une candidate idéale et, soulignons-le, unanimement appréciée. Seul le vote d’un texte révoltant aura pu lui barrer la route. C’est désolant !
Je tenais à lui apporter publiquement mon soutien, ne serait-ce que par fidélité pour notre ami Gérard Dumas trop vite disparu. Il aurait été révolté de cette situation. Et convaincu, comme nous tous, de la capacité de rebond dont Anne est capable.
Personne n’est cependant dupe : cette manœuvre s’inscrit évidemment dans la démarche désespérée entreprise par le clan sarkozyste pour conserver le Sénat à droite lors du renouvellement de cet automne.
J’ai la certitude que les grands électeurs nivernais ne tomberont pas dans le piège grossier qui leur est ainsi tendu. Je sais en effet combien la gauche nivernaise, à commencer par le Parti socialiste, compte d’hommes et de femmes talentueux, prêts à s’engager localement pour la défense de nos territoires et pour les idées de progrès à Paris !
Verdict le dimanche 25 septembre…
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