Le
Secrétaire national du Parti socialiste chargé de la rénovation vient de rendre
un rapport d’étape. Ce document préconise, en autres mesures, l’organisation de
primaires pour désigner un candidat de la gauche à l’élection présidentielle et
le strict non cumul des mandats pour les parlementaires.
Après
2 années de remue-méninges, nous voici donc avec deux propositions fortes sur
la table.
Des
propositions qu’on imagine élaborées avec l’aide du trop méconnu Laboratoire
des idées, ce qui aura au moins le mérite de faire ses détracteurs qui se
lamentaient que si peu d’idées soient sorties dudit laboratoire, surtout depuis
le départ de sa cheville ouvrière Lucille Schmidt.
Le
non cumul des mandats est sans doute une bonne idée. La 5ème
République a d’ailleurs beaucoup progressé en ce domaine limitant à deux le
nombre de mandats qu’un élu peut exercer en même temps.
Il
reste bien entendu des progrès à faire dans au moins trois directions : la
limitation du cumul des mandats dans le temps, la limitation du cumul des
mandats et des fonctions (ex : président de communauté de communes, de
syndicat mixte, de parc naturel, etc.) et une interdiction stricte de cumul
pour les parlementaires.
Pourquoi
être plus strict avec ces derniers ? Tout simplement pour revaloriser le
rôle et les pouvoirs d’un Parlement aujourd’hui à la botte de l’Exécutif qui
lui dit quand légiférer et sur quoi, et désormais aussi, innovation sarkozyste,
quand « délégiférer » …
Les
propositions du Secrétaire national à la rénovation et du Président du
laboratoire national des idées vont donc dans le bon sens. Certes !
D’où
vient alors ce sentiment de malaise éprouvé en les entendant énoncer leurs
propositions ?
Probablement
du fait que rénovateurs autoproclamés depuis leur entrée en politique, et à ce
titre thuriféraires du mandat unique, l’un est finalement devenu Président d’un
Conseil général tout en restant député, et que l’autre, que l’on connait,
hélas, bien dans la Nièvre, cumule autant de mandats qu’il le peut et depuis
toujours, réussissant ce tour de force de cumuler à ce jour, 16 ans seulement
après sa première élection, pas moins de 39 années de mandat … !
Inutile
de s’étrangler d’indignation à la lecture de ces lignes. L’histoire est faite
de tels personnages. Le théâtre aussi, notamment celui de Molière.
On
pourrait citer Tartuffe (dont le
titre complet est Tartuffe ou l’imposteur),
parcourant les cinq actes de la comédie une main tenant la Bible, l’autre dans
le corsage de Mariane (troublante coïncidence …), la fille du naïf Orgon.
On
pourrait aussi citer l’Avare (ou l’école du mensonge, pour être là encore
complet), et ses modernes Harpagon, courant leur circonscription en pleurant, « Hélas ! mes pauvres mandats, mes pauvres cumuls, mes
chers amis ! On m'a privé de vous ; et puisque vous m'êtes enlevés,
j'ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi,
et je n'ai plus que faire au monde ! Sans vous, il m'est impossible de vivre. »
Quant
aux Primaires, qui me semblent l’exemple même de la fausse bonne idée, j’y
reviendrai tout prochainement ici.
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