La confirmation est venue ce
week-end : le maire de Nevers démissionne. Plus encore, le Journal du Centre titre ce matin que le
sortant a lui-même choisi son successeur. Cette décision aurait été validée à l’unanimité,
après-coup, dans l’huis-clos du Bureau municipal.
Pour qui aime et sert la démocratie, la méthode pose pour le moins question.
Passons rapidement sur le fait qu’il ne
s’agit pas vraiment d’un départ en retraite, l’élu en question restant, ce
n’est pas une paille, président de l’agglomération et sénateur. Il restera au
surplus Président du futur Conseil de surveillance de l’Hôpital, ce qui n’est
pas un détail et ce qui en dit long, l’hôpital étant le premier employeur de la
commune.
Cette opération est joliment présentée
comme le passage de témoin à la jeunesse. Très bien. Mais comme le disait
Georges Brassens, le temps ne fait rien à
l’affaire.
Reste la question centrale : parle
t-on ici d’un individu pouvant décider librement de transmettre à l’un des
siens une partie de son patrimoine ? Evidemment non. Il s’agit d’une
collectivité locale dont les édiles sont élus par leurs concitoyens.
Les Neversois en l’occurrence ont élu
voici tout juste deux ans leur maire, lequel décide de passer la main dans leur
dos à quatre ans du prochain scrutin. Alors trahison ? Manipulation ?
Mépris du suffrage universel ?
Périclès rappelait que « la démocratie,
c'est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. » Tout
le contraire d’une décision d’un seul homme au profit d’un autre, fût-ce au
profit d’un groupe plus large, une majorité municipale ou un parti politique.
Un parti politique d’ailleurs mis sur la touche puisque les
adhérents du PS, normalement appelés à désigner le candidat socialiste à la
fonction de maire, ont cette fois-ci été tenus à l’écart.
Une sorte de coup de force faisant suite à une politique de
coups de menton qui avait fini par lasser des Neversois pas spécialement séduits
par l’arrogance du successeur d’un Pierre Bérégovoy qui, lui, avait su se faire
aimer.
Cette désaffection avait trouvé dans les
urnes une traduction hélas, mais logiquement, très nette, l’avance électorale
fondant au fil des scrutins, d’une large victoire acquise dès le 1er
tour en 1995 dans l’émotion encore forte du 1er mai 1993, jusqu’au
succès étique de 2008, obtenu avec seulement quelques dizaines de voix
d’avance.
Qu’en sera-t-il en 2014 ? J’entends
déjà des électeurs de gauche se demander si en ce mois de mai une balle ne vient
pas d’être tirée dans le pied du Parti socialiste neversois par certains de ses
« responsables ».
Il faut espérer que ce ne soit pas le cas
et que la Gauche ici sache retrouver le chemin de la démocratie sans laquelle son
combat n’a aucun sens.
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