Depuis l’Esprit des Lois de Montesquieu, on sait que la bonne administration
d’une nation, celle qui garantit la liberté de tous les citoyens, repose sur la
séparation entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
Bertrand Delanoë ne l’ignore pas. Maire
de Paris, chargé de défendre les intérêts des Parisiens, il travaille à
récupérer les centaines de milliers d’euros détournés des caisses de sa ville par
le RPR dans les années 70, 80 et 90, au profit d’un Jacques Chirac en quête d’Elysée.
L’accord qui se profile aujourd’hui entre
la Ville de Paris et l’UMP répond strictement à cette logique.
S’il existe assurément un scandale, c’est
bien Jacques Chirac qu’il concerne, et non Bertrand Delanoë. Et c’est à la
justice qu’il appartient, enfin !, de l’examiner et de le sanctionner, et
non à une quelconque autorité politique. A chacun son rôle, comme le suggérait
voici plus de 250 ans le Baron de la Brède…
Refuser, au détriment des Parisiens, un
accord qui assure le recouvrement de la dette de l’UMP à l’égard de la Ville de
Paris, aurait au contraire été une immixtion du politique dans le judiciaire.
Or on ne peut déplorer à corps et à cris
les atteintes à l’indépendance de la justice commises par le pouvoir actuel,
dans l’affaire Woerth/Bettencourt et dans d’autres, pour aussitôt lui emboiter le
pas.
Ceux qui, bien qu’ayant exercé leurs
talents comme avocat ou juge d’instruction avant d’entrer dans l’arène
politique, font aujourd’hui profession de procureurs dans le débat public
devraient prendre garde à ne pas se mordre trop violemment la queue à l’occasion
de leurs acrobatiques contorsions.
Au fond s’il existe un arrangement fâcheux
dans cette affaire, il ne faut pas le chercher du côté du Maire de Paris mais
plutôt du côté de ceux qui l’attaquent. Bertrand Delanoë reste fidèle à ses
principes, ceux qui fondent notre République. Ses contradicteurs, eux, s’arrangent
un peu trop facilement avec les leurs.
Je note en outre qu'en poussant l'UMP à l'accord amiable, Bertrand
Delanoë réussit un coup subtil : il conduit l’UMP à
reconnaître explicitement le délit et facilite ainsi le travail des juges
auxquels il ne reste plus maintenant qu'à tirer les conclusions en condamnant les
délinquants en col blanc !
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