Sarkozy a monopolisé l’antenne du service public un bon moment ce soir.
Décor sobre, mobilier design, teinture poivre et sel, voix doucereuse, tout
était fait pour rassurer les Français. En particulier le cœur de son électorat,
les retraités, « qui ne perdront pas
un centime » dans la réforme.
Mais voilà, droit dans ses mocassins à glands, il a choisi de ne rien
céder, au mépris de la réalité, au mépris de l’intelligence de ses concitoyens.
Sur l’affaire Bettencourt, la vérité éclate enfin au grand jour. Nul
besoin de désigner un juge d’instruction indépendant, encore moins une
commission d’enquête parlementaire, puisque "Woerth est lavé de tout
soupçon par un rapport de l’Inspection générale des finances très complet sur
ses 2 années d'activité au ministère du budget". Précisons tout de même que
le rapport a été donc été réalisé par l'administration fiscale aux ordres du
gouvernement, rédigé en moins d’une semaine et comporte pas moins de ... 12
pages ! L’argumentation, un peu trop facile, manque cruellement de
crédibilité. Il en aurait sans doute fallu bien davantage pour convaincre les
Français.
En l’écoutant, au fil des minutes, on se dit qu’il nous manque de
respect. Pour résumer : l’action présidentielle actuelle serait exemplaire,
les résultats sont au rendez-vous, si des problèmes persistent, ils sont la
conséquence des décisions de ses (lointains) prédécesseurs, et les affaires en
cours sont le fruit d’un complot fomenté par tous ceux qui craignent son éblouissante
réussite.
Le Président affirme qu’il pas le droit « de céder à la fébrilité du commentateur. » Mais en se
réfugiant derrière un rapport étique rédigé à l’avance et en utilisant la
théorie du complot, il cède bel et bien à une autre forme de fébrilité.
L’avenir dira, peut-être, ce qu’il faut penser de tout cela. A l’écouter
ce soir, j’avais le sentiment d’un personnage cherchant à masquer la vérité
derrière des affirmations, des questionnements se voulant de bon sens, des
syllogismes laborieusement répétés.
Pendant ce temps-là, nous nous éloignons jours après jours de la
République irréprochable…
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