Jadis,
sous les IIIème et IVème République, une bonne partie de
la classe politique avait fait ses premières armes dans les Palais de Justice,
sous une robe d’avocat, avant de bifurquer vers d’autres plaidoiries du haut de
la tribune du Palais Bourbon. Pour les plus talentueux ou les plus manœuvriers
d’entre eux, ce « cursus honorum »
s’achevait sous les ors d’un palais ministériel, voire du Palais de l’Elysée.
Sans
doute peut-on faire remonter cette tradition au rôle politique joué par les
membres des Parlements sous l’Ancien régime, qui conduisit nombre d’avocats à
s’impliquer dans la rédaction des Cahiers de doléance puis être élus députés
aux Etats généraux de 1789 avant de participer à la grande aventure, fondatrice
de notre république, de la Révolution française. Robespierre et Danton en seront
les figures les plus marquantes.
Aux
XIXème et XXème siècles, ce fut ainsi le cas de Léon
Gambetta, d’Alexandre Millerand, d’Aristide Briand (après un début dans le
notariat), de François Mitterrand et de bien d’autres encore.
Plus
près de nous, on peut bien sûr citer Robert Badinter qui fit une longue
carrière d’avocat avant de plaider avec succès l’abolition de la peine de mort
en sa qualité de Garde des Sceaux de François Mitterrand, ou encore Arnaud
Montebourg qui a commencé à se faire connaître par ses actions aussi efficaces
que médiatiques au Barreau de Paris avant de rejoindre les rangs du Parti
socialiste pour tenter de le rénover, avec un succès hélas moins évident.
Depuis un certain temps pourtant, une inversion de tendance semble s’amorcer et de plus en plus d’acteurs politiques envisagent de poursuivre ou de clore leur carrière en prenant la robe d’avocat.
L’un
des premiers à emprunter cette nouvelle voie fut Hubert Védrine. La liste de ses
poursuivants s’étoffe de semaine en semaine.
De
Jean-François Copé, dont le goût du cumul frôle parfois dangereusement la
frontière du conflit d’intérêt, à Rachida Dati, à droite. Et de Jean Glavany,
ce jour même, à Julien Dray, dont le plaidoyer pro domo n’aura semaines probablement pas convaincu tout le monde ces
dernières, à gauche.
Une
dépêche de l’Afp du jour apporte quelques éléments éclairant en la matière (Cf.
infra).
S’il
est encore trop tôt pour en tirer de vraies conclusions, l’on peut avancer,
sans crainte d’être contredit, que cette inversion de tendance n’est assurément
pas le signe d’une revalorisation de l’engagement politique …
Les
esprits mal tournés ajouteront peut-être qu’il vaut mieux passer de la Salle
des Quatre colonnes à la Salle des Pas perdus, de préférence à la salle des
parloirs, autrement dit de l’Hémicycle au Barreau plutôt que derrière les
barreaux !
Agé de 60 ans, M. Glavany, ancien ministre de l'Agriculture, a prêté serment mercredi après-midi aux côtés d'autres impétrants dans les locaux de la 1ère chambre de la cour d'appel de Paris, une des plus prestigieuses du palais de justice de Paris.
Le député (PS) de l'Essonne, Julien Dray, qui a récemment fait l'objet d'un rappel à la loi à l'issue d'une enquête du parquet de Paris pour "abus de confiance", a de son côté récemment "déposé un dossier" pour pouvoir être admis au barreau de Paris, a-t-on précisé de même source.
Ce dossier doit être examiné par le conseil de l'Ordre qui émet un avis favorable ou défavorable, qui peut lui-même faire l'objet d'un appel.
Les responsables politiques tentés par le métier d'avocat sont de plus en plus nombreux, en particulier au barreau de Paris qui réunit plus de 40% des 50.000 avocats français.
Chaque saison apporte son nouvel élu: après les UMP Jean-François Copé, Frédéric Lefebvre, Dominique de Villepin, le Vert Noël Mamère, le socialiste Christophe Caresche, c'est l'ex-garde des Sceaux Rachida Dati qui prononcera son serment le 27 janvier.
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