Il est encore trop tôt pour tirer tous les enseignements, pour les socialistes, de ces élections européennes. J’ai bien peur d’ailleurs qu’un bilan établi en hâte, à la faveur d’un Conseil national du PS réuni 48 heures après cette lourde défaite, ne serve qu’à aggraver encore le mal qui nous ronge …
Il nous faudra du temps pour cela, même si beaucoup de temps à déjà été perdu depuis le 21 avril 2002 ! Relevons néanmoins quelques constatations :
- A une ou deux exceptions près, les partis socialistes et sociaux démocrates des 27 Etats de l’Union subissent la même défaite. Qu’ils soient au pouvoir dans leur pays ou dans l’opposition. Seules l’intensité de la défaite varie.
- Le Parti des Socialistes européens a été une des rares forces politiques à rédiger un programme à l’échelle de l’Union, le Manifesto. Il n’en a visiblement pas recueilli les fruits.
- Nicolas Sarkozy serait un des présidents de la République les plus impopulaires, selon les sondages, de la Vème République. Or, si le résultat de l’UMP est très en retrait du score réalisé, par exemple, par Simone Veil en 1979, le parti présidentiel arrive néanmoins, et de loin, avec 11,5 points d’avance sur le PS, en tête de toutes les listes françaises.
Alors quels premiers enseignements ?
D’abord, Le PS n’a pas su s’adapter au mode de scrutin en « grandes régions », ne portant à la tête de ses listes que des élus de deuxième, parfois même de troisième plan. Ne fallait-il pas au contraire des leaders nationaux en têtes de liste et une campagne menée nationalement par la Première secrétaire ? De ce point de vue, échec sur toute la ligne !
Ensuite, la « nouvelle génération » du PS, Harlem Désir et Benoit Hamon d’un côté, Vincent Peillon de l’autre, quelque soit leurs qualités personnelles, ne font pas mieux que les autres têtes de liste. Leur tendance à incarner le renouveau politique ou le virage à gauche ne reçoit pas des électeurs l’accueil attendu ou revendiqué. Les ressorts du Congrès de Reims étaient-ils rouillés ?
Les Français de Gauche nous gardent encore une rancune tenace de l’image dégradante que nous donnons de nous. Nos divisions internes, de la désignation de notre candidate à la présidentielle en 2006 au calamiteux Congrès de Reims, sans même remonter au Congrès de Rennes, exaspèrent les citoyens. Le Parti socialiste peut-il incarner un espoir pour les ouvriers, les employés et les classes moyennes sans offrir une direction, un projet ET un exemple ? J’aurais pour ma part, tendance à répondre qu’un responsable politique ne peut incarner un idéal de justice sociale sans pouvoir s’appuyer sur une conduite exemplaire ! Sans cette exemplarité, ne redevient-il pas un politicien commun ?
Enfin, et c’est le plus grave, la social-démocratie ne suscite plus l’espoir. Elle n’apparait plus comme une réponse crédible aux problèmes du monde et de la société. En pleine crise du capitalisme, alors que la France, gouvernée par la Droite depuis sept années, est en récession et que le dernier mois a compté 58 000 demandeurs d’emploi de plus, le PS est laminé. Certes la Gauche, est plus forte que la Droite, 39,3% contre 34,6%, mais au sein de cette gauche, le PS est rejoint par la composante écologiste.
Au total, la conclusion provisoire à donner aux résultats d’hier est la suivante. Un avertissement fort nous a été donné. Ce n’est pas le premier : 1993, 1994, 2002, 2007 auraient déjà du nous alerter. Nous n’avons pas pris ces signaux au sérieux. Aucun parti n’est éternel. Allons-nous continuer à jouer avec le feu ?
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