La campagne des
élections régionales conduit à s’interroger sur bien des sujets.
Certes pas sur le bien
fondé de la désignation de François Patriat comme tête de liste socialiste.
François Patriat est depuis longtemps un élu de terrain exemplaire et un homme
de parole, deux raisons essentielles pour lesquelles j’avais soutenu sa
candidature dès 2003, dans le contexte que l’on sait.
Je n’ai jamais regretté
ce choix, en dépit de ce qu’il m’en a coûté du fait de l’étroitesse d’esprit de
quelques barons locaux du PS. François Patriat a en effet été ces six dernières
années un excellent Président de région, parcourant inlassablement la Bourgogne
canton après canton et concentrant l’action de notre région sur les domaines
les plus importants : la dynamisation de notre économie locale, l’aide aux
salariés et le développement de l’emploi, la formation des jeunes, le développement
durable, pour ne prendre que ces exemples.
Bien des questions se
posent en revanche sur les autres aspects de cette campagne.
La réforme territoriale
qui s’annonce, avec son cortège de fragilisation des domaines de compétence et
la perte d’autonomie budgétaire des collectivités, montre combien le pouvoir
sarkozyste et ceux qui le soutiennent font peu de cas d’une décentralisation
qui a pourtant beaucoup apporté aux Français depuis son lancement lors du
premier septennat de François Mitterrand. La volonté de l’exécutif d’orienter
le débat public sur les questions de l’identité nationale et de la sécurité
vont également dans ce sens.
La situation des gauches
est malheureusement, elle aussi, une source d’inquiétude. Unies en 2004, ce qui
avait permis de créer dès le premier tour une dynamique conduisant à la victoire
au second, elles sont divisées cette année. L’extrême gauche fait, comme à son habitude,
bande à part. Jean-Luc Mélenchon poursuit son rêve allemand en essayant de
créer un Front de Gauche avec le PCF et quelques autres groupuscules partout où
il le peut. Les Verts tentent de prolonger la dynamique d’Europe écologie
initiée lors des dernières élections européennes. Au final, le PS se retrouve à
faire des alliances à la carte, ici avec le PCF, là avec le PRG, le MRC, ou d’autres
encore.
Cet éclatement des
gauches, et en particulier des gauches qui ont vocation à gouverner les régions
ensemble en cas de victoire, ressuscite le spectre du 21 avril 2002.
Il reste à espérer maintenant
que les Français sauront ne pas se tromper sur le sens de leur vote et mesurer
quels sont les vrais enjeux. Pour cela, la campagne que nous allons effectuer
sera décisive.
Et c’est précisément sur
ce point que mes inquiétudes sont vives.
J’ai déjà eu l’occasion
d’exprimer dans ce blog qu’à l’heure actuelle, la fédération de la Nièvre du
parti socialiste, hélas, pas plus que celui qui a consacré tant d’énergies à
conquérir la tête de liste départementale et à choisir ses colistiers, n’avaient
cru bon de prendre le temps de mettre en place une organisation et un calendrier
de campagne dignes de ce nom. Je ne désespère pas qu’ils finiront par prendre
conscience des enjeux collectifs, mais aussi des leurs propres …, et peut-être
que mes alertes itératives seront, en ce sens, utiles. Je n’insiste pas sur ce
point.
La lecture du Journal du
Centre de ce matin porte à la connaissance de tous le contenu et les
conséquences pour la Nièvre de l’accord conclu entre le PS et le PCF. Non
seulement ce parti conserve des positions sur la liste sans rapport avec sa
réalité électorale, mais il semble en outre que ces candidats pourront développer les thématiques qu’il leur
paraitra bon, y compris, peut être, les plus inopportunes. En témoigne les
propos de Jean-Claude Lebrun, conseiller régional PCF sortant, sur le projet de
mine de charbon de Lucenay-lès-Aix …
Il ne faut pas voir dans
mon jugement, sévère à l’égard de ce mauvais accord électoral, la moindre trace
d’anticommunisme. J’ai grandi à Bourges et mes premiers pas dans l’engagement
politique se sont fait dans un esprit d’union de la gauche, à la tête de la
mairie berruyère à l’époque, et de combats communs entre socialistes et
communistes sur des positions progressistes, humanistes. Mais voilà, je crois
avoir une bonne connaissance des réalités nivernaises et je sais différencier anticommunisme,
sentiment qui a aucun moment ne m’anime, et nécessaire rejet du stalinisme et
de l’archaïsme.
Je regrette d’autant
plus que l’accord ait pris cette forme que j’y remarque deux défauts majeurs
supplémentaires.
La première remarque
saute aux yeux : parmi les candidats retenus par le PCF, pas plus que ceux
retenus par le PS d’ailleurs, ne figure de citoyen ou d’élu de la commune de
Varennes-Vauzelles. Je me demande du coup vers quelles listes se dirigeront les
voix d’un électorat de gauche vauzellien pourtant considérable.
La seconde remarque
requiert une connaissance plus fine de la vie du parti socialiste, une
spécialité qui peut en rebuter plus d’un, que je ne blâmerais pas ! Cet
accord se fait en réalité sur le dos de la sensibilité proche de Ségolène Royal
à laquelle appartiennent les deux candidats socialistes sortis ce matin.
Contrairement à ce que dit l’article, aucun candidat issu de cette sensibilité
ne peut espérer être élu à Dijon le 21 mars puisque la fusion des listes entre
les deux tours entrainera de nouveaux décalages, qui feront sortir Aït Belkacem
de la liste et me placera au mieux en dernière position (NdA : je n’appartiens
pas à ce courant, mais j’ai été soutenu par celui-ci dans un souci de
dépassement des courants et ai du subir en retour le même traitement que celui réservé
à ses membres). Quand à Blandine Delaporte, qui est annoncée comme éligible, si
elle devait, comme c’est vraisemblable, être décalée à la 8ème place
de la liste qui en compte 9, après une fusion, je vous laisse imaginer quel
score nous devrions réaliser pour qu’elle soit élue !
Voilà pour les doutes. Reste
deux dernières certitudes.
La première, c’est qu’il
apparait en ce début de campagne, que là où il faudrait de l’unité et de la
pugnacité, on ne trouve chez les dirigeants actuels du PS nivernais que
sectarisme et esprit de calcul. Ne pas le dénoncer, ce serait s’en rendre
complice. Ce n’est pas, vous l’aurez compris, dans mes intentions.
La seconde, c’est que je
fonde beaucoup d’espoir dans les militants de ce parti, qui est le mien depuis
20 ans, pour surmonter ces difficultés, mener une campagne généreuse et
courageuse et prendre ensuite les décisions qu’il convient pour rénover, cette
fois-ci vraiment, la galaxie socialiste qui en a besoin et qui le mérite tant !
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